Après quatre jours de compétition, Benjamin Burlot, le Coordonnateur général de la Tropicale Amissa Bongo, dresse ici le bilan à mi-parcours. Il se félicite de la brillante prestation des cyclistes africains dont l’un des leurs, un Algérien, a signé la première victoire ce jeudi, à l’issue du parcours Mouila – Lambaréné, après une domination sans partage des équipes professionnelles depuis Bitam.
Question : Nous sommes à la quatrième étape, quel bilan pouvez-vous nous faire ici monsieur le Coordonnateur général?
Réponse : -C’est une belle étape aujourd’hui, puisqu’on a enfin une victoire africaine. Les équipes professionnelles étaient jusque-là omniprésentes. Elles se sont très bien préparées à la compétition pour cette édition. Cela veut dire que la Tropicale Amissa Bongo est prise au sérieux, aussi bien par les professionnels, que par les équipes nationales.
Aujourd’hui on a enfin une victoire africaine, avec une très belle échappée de trois coureurs africains : un Algérien, un Erytrhéen et un Rwandais. Ils ont fini à trois dans la dernière bosse. Ils n’ont pas su se séparer, mis à part le Rwandais qui a chuté à la hauteur de la bosse. Au sprint, c’est LAGAB Azzedine, un très grand coureur, qui a remporté le sprint final de cette étape. Nous sommes très heureux de cette victoire africaine à Lambaréné.
Q.: De l’avis de tous les participants, l’organisation est parfaite. Quel est le secret ?
R.: Elle n’est pas parfaite, l’organisation. On essaye, pour qu’elle soit dans les standards internationaux la plus professionnelle possible. C’est une grande machine, la Tropicale Amissa Bongo. C’est un challenge à chaque instant. Beaucoup de personnes qui y contribuent. Je prends la parole régulièrement. On voit mon visage assez souvent. Mais il y a une large équipe qui travaille là-dessus et avec beaucoup de professionnalisme, d’engagement pour certains qui s’investissent sur la Tropicale depuis la première édition ; pour d’autres, ils se sont investis sur d’autres évènements sportifs que le Gabon organise.
Oui, il y a une professionnalisation de l’organisation à mettre en place. Nous avons été très prudents. Nous avons bien suivi tous les dossiers, avec tout le monde, en prenant soins de le faire correctement, pour réussir à avoir une organisation qui est digne des grandes organisations internationales.
C’est un peu la lutte depuis toujours. Je veux montrer qu’ici au Gabon, l’on peut organiser aussi bien que partout dans le monde. il n’y a pas de raison qu’on se fasse des limites de capacité au niveau organisationnel. Non nous avons les capacités. Il faut juste se donner les moyens de le faire. Après on a les contraintes touristiques particulières qu’on essaye de solutionner. Nous avons le concours de beaucoup de services de l’Etat pour nous aider. Vous voyez l’importance des moyens aériens, militaires qui sont mobilisés dans le cadre de la Tropicale, pour faire les ponts aériens.
C’est valable aussi sur la sécurité, sécurisation des routes avec la Gendarmerie et la Police qui est impeccable. Sur les travaux routiers, on connaissait les difficultés du réseau routier à l’intérieur du pays ; la pandémie. Il y avait un peu moins de passage où on était un peu moins regardant sur l’état des routes. Tout le monde s’inquiétait de la reprise de la Tropicale avec l’état intérieur des routes.
Les services des Travaux publics se sont pleinement mobilisés pour remettre en état les routes. Bien sûr, mais avant tout pour les populations qui les empruntent tous les jours. Donc c’est un accélérateur de l’entretien routier, c’est un accélérateur du développement. Un moyen pour se challenger pour un grand nombre d’équipes, quel que soit le métier, que ce soit dans l’hôtellerie. On est hébergé dans des hôtels partout où l’on passe. On se restaure dans beaucoup de restaurants du pays. A chaque fois, nous sommes accueillis dans d’excellentes conditions.
Tout le monde se challenge, se donne du mal, pour aussi faire leur part dans cette excellente organisation de la Tropicale Amissa Bongo.
Q.: Bernard Hinault est en train de mettre une stratégie en place, consistant à toucher les enfants et susciter de l’émulation en eux, afin qu’on ait de futurs champions. Mais ils sont un peu sceptiques, au regard de la prestation de l’équipe gabonaise toujours à la remorque. Comment faire, pour en sortir ?
R.: -C’est une situation qui perdure. En effet, c’est un peu triste de voir que l’évènement est là depuis 2006. C’est 16 éditions. On aurait espéré que le cyclisme se développe au fur et à mesure de l’avancée de l’évènement. Il y en a eu d’autres gouvernances. Il y a des situations que je ne maitrise pas totalement, entre les entités, les responsabilités des uns et des autres.
Je pense qu’il faut surtout sortir de ce regard politique autour de cette équipe nationale. Il faut considérer les coureurs, considérer les sportifs, considérer la pratique du sport ; Se mettre tous autour de la table et avancer.
Ce que je peux apporter, ce sont mes conseils, mes carnets d’adresses, voir même mon énergie, si besoin, pour aider à améliorer la prise en charge de cette équipe nationale et à améliorer aussi le développement du cyclisme sur le territoire national gabonais.
Mais encore une fois, cette prérogative appartient à la Fédération, peut-être en partie au ministère ou d’autres entités. Nous, nous sommes des organisateurs. Nous sommes prêts à aider. Les équipes présentes sont prêtes à aider. Elles veulent aussi voir du professionnalisme en face ; des gens qui sont prêts à s’investir pleinement, à s’engager.
Je voudrais tirer mon chapeau aux coureurs gabonais qui sont toujours en course aujourd’hui, pas lâchés du peloton. On a eu une chute, c’est tout.
En effet, ils ont un matériel qui n’est pas du tout au niveau de la compétition. Ils n’ont pas reçu la préparation qu’ils devraient avoir. Ils n’ont pas reçu les nouveaux vélos qu’ils devraient avoir. Mais ils sont là dans la compétition. C’est très prometteur sur leur capacité de faire les choses.
Vous avez les équipes comme Total Energies, Bingoal WB, qui sont hyper prêts. Ils ont fait des stages de préparation pour la Tropicale, plusieurs. Ils ont perdu du poids. Ils ont réglé leurs matériels, ils ont acheté des choses expressément pour la compétition pour laquelle ils sont venus, pour être le plus performant possible. Quand on arrive à tenir un peloton face à des équipes comme ça c’est qu’on a du potentiel !
Propos recueillis par
Aryse Nguema