La cinquième édition du 10KM de Port-Gentil se dispute le 8 avril prochain, dans la capitale économique du Gabon. A la veille de cette grande compétition, nous avons rencontré le président de la Fédération Gabonaise d’Athlétisme (FGA), Anaclet Mathieu Taty. Il nous situe sur le niveau des préparatifs de la première épreuve fédérale 2023 qu’il organise, en collaboration d’Everest Media, du Fonds National de Développement du Sport et de la Culture (FNDSC) et du Ministère des Sports.
Par ailleurs, le patron de l’athlétisme gabonais fait le bilan de ses trois premières à la tête de la Fédération. Il parle des réformes apportées, souligne l’application de son programme quadriennal, ainsi que l’activation des neuf Ligues provinciales. Il n’a pas manqué d’évoquer les quelques difficultés rencontrées pour faire qualifier un maximum d’athlètes locaux aux Jeux de la Francophonie de Kinshasa 2023, et aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Propos recueillis par
Aryse Nguéma
Question : -Port-Gentil sera dans quelques jours, la capitale de l’athlétisme du monde. Comment votre Fédération prépare-t-elle cet évènement du 10 km ?
Réponse : – Merci pour cette opportunité que vous accordez à la Fédération gabonaise d’Athlétisme, à la veille à la veille du grand rendez-vous du donner et du recevoir de la première discipline olympique.
Pour répondre à votre question, permettez-moi de souligner que
le 10 km de Port-Gentil qui est la seule et unique compétition labélisée Gold par la World athlétics, est inscrit dans le programme annuel de la FGA. A ce titre, nous sommes conscients, chaque année de l’enjeu lié à cet évènement.
Le président de la République, Son Excellence, Ali Bongo Ondimba a insufflé une dynamique autour de cet évènement qui prend de l’ampleur chaque année, et permet à notre jeune structure (FGA) de déceler les talents, pour étoffer les effectifs en qualité de notre équipe nationale.
Cette compétition, il faut le souligner, revêt deux aspects :
La première est le caractère évènementiel, sanitaire, et festif avec une organisation hors norme.
Le deuxième aspect est sportif, la recherche de la performance avec un plateau relevé de meilleurs du moment, dans le domaine.
Nous au sein de la FGA, nous nous appuyons sur le deuxième aspect.
Pour cette année, nos Panthères, version «Athlétisme», connaissent des difficultés liées au manque de moyens pour atteindre les objectifs fixés. Toutefois, nos jeunes «volontaires» s’entrainent avec les moyens de bord. Il faut en outre signaler qu’en athlétisme, l’adversaire de l’athlète est «le chronomètre», le temps qu’il réalise pour boucler la distance. Pour voir l’athlète émerger, il faut le placer dans de conditions qui lui permettent à atteindre son objectif, c’est-à-dire que l’athlète soit suivi sur le plan tant technique, diététique, médical que psychologique. Malheureusement pour cette épreuve, nos ambassadeurs ne sont pas dans des conditions idéales de préparation.
Q :- Qu’est-ce qui va changer cette fois, par rapport aux éditions précédentes du 10 km de Port-Gentil ? Les athlètes gabonais auront-ils du répondant ou bien, vont-ils continuer d’admirer les autres ?
R. : -Nos athlètes sont conscients des attentes du peuple Gabonais. Ils savent qu’ils représentent toute une nation et que tous les yeux sont fixés sur eux. Le fait de prendre part à une compétition de cette envergure, aux côtés des sommités de cette discipline les motivent davantage.
En 2019, deux de nos athlètes étaient classés avant deux athlètes du plateau Elite. Je dis bien deux Panthères (Djessy Kodo Moule et Nzoghe). Ce jour-là, ces deux athlètes du Club CNSSPORT s’étaient préparés dans de meilleures conditions et la performance était au rendez-vous.
Cette année verra la participation du quadruple champion du monde Anglais Mo Farah. Cet athlète se trouve présentement en Ethiopie où il se prépare. Pensez-vous que le site choisi par cet icone de l’athlétisme mondial est un fait du hasard ? C’est tout un programme que son staff met en œuvre pour lui permettre d’être toujours performant.
Si nos athlètes sont placés dans les mêmes conditions que les Elites, c’est sûr et certain que la lutte serait engagée, parce que les nôtres possèdent aussi des prédispositions naturelles, qui n’attendent tout simplement qu’à être exploitées.
Q : -Comment se porte aujourd’hui l’athlétisme gabonais, nous sommes à trois mois des Jeux de la Francophonie (à Kinshasa si le calendrier est maintenu), et à 15 mois des Jeux Olympiques (à Paris en France), comment préparez-vous ces échéances ?
R : -Comment se porte l’athlétisme au Gabon? Je pense que c’est à vous observateur, journaliste qui couvrez les évènements sportifs de répondre à cette question, au regard des actes que nous posons sur le terrain.
Permettez tout de même que je fasse un bilan de mi-parcours pour mieux apprécier et juger les actions entreprise par le Comex.
En prenant le règne de la FGA nous avons mis en place un programme quadriennal de relance de l’athlétisme au Gabon qui s’articule sur cinq points :
1° l’aspect administratif : nous avons hérité d’une structure qui n’avait aucune base juridique (Statuts et règlement intérieur), pas de siège et deux ligues fonctionnelles. Nous avons pallié tous ces manquements et aujourd’hui la FGA est doté d’un siège, d’une base juridique et de 9 ligues provinciales.
2° La formation : le Comex a estimé que pour avoir les athlètes performants il faut avoir des encadreurs techniques et officiels bien outillés. A cet effet, nous avons formés, avec l’aide de la World Athlétics, 20 encadreurs techniques et 20 officiels techniques dame et 13 dirigeants sportifs. Pendant la période de Covid nous avons donné l’opportunité à nos encadreurs de poursuivre leur formation en ligne.
3°La direction technique : le milieu scolaire étant un milieu où les talents excellent, et en étroite collaboration avec le Ministère de l’Education nationale, nous avons organisé des championnats dans le milieu scolaire où nous avons détecté de nombreux talents, dont certains ont intégré les clubs d’athlétisme. Nous intensifions ce genre de partenariat, pour détecter davantage les talents et en faire des produits finis (athlète de haut niveau).
4°L’encadrement : toujours dans le cadre de notre plan stratégique, nous allons mettre en place trois camps de préparation de nos athlètes. Les provinces choisies sont : Haut-Ogooué (pour les fondeurs), Ogooué-Maritime (pour les sprinters) et Woleu-Ntem (pour les concours). Ces camps seront placés la supervision du directeur technique national (DTN) et dirigés par des entraineurs expérimentés.
5° La compétition : la compétition est la période où l’athlète tente de mettre en pratique toute la technique cumulée pendant les séances d’entrainement. C’est le moment où l’athlète s’auto évalue. Nous offrons cette opportunité à nos athlètes, d’abord sur le plan national avec l’organisation d’un véritable championnat national et sur le plan sous régional avec la participation depuis 2020 au 1er Grand Prix d’Athlétisme à Douala (Cameroun) ; sur le plan continental au championnat d’Afrique et enfin au Championnat du monde et aux Jeux Olympiques.
S’agissant des séances à venir, les Jeux de la Francophonie, la participation à cette compétition est assujettie à la réalisation des Minima. Nous avions depuis 2022, sept athlètes qui ont réalisé des minima, mais le règlement de cette compétition exige que les minima soient réalisés entre janvier 2023 et juin 2023, du coup nos athlètes devront à nouveau se battre sur les pistes pour atteindre ces objectifs. Le Grand prix de Douala était une opportunité pour nos jeunes, mais le manque de moyens les a privés de celle-ci.
S’agissant des Jeux Olympiques, les minima sont plus corsés. Il y a deux formes de qualification, soit en réalisant les minima ; soit en ayant un bon Ranking, c’est-à-dire être parmi les 50 meilleurs du monde dans chaque discipline. De ce côté-là, nous avons des athlètes boursiers qui sont dans des clubs en Europe. Linda Pierrick Moulin a été sacrée championne de France espoir aux 80 m en salle et vice-championne de France espoir aux 200m.
Notre vice-championne d’Afrique, Carine Mekam Ndong qui engrange des médailles à chacune de ses sorties et Guy Maganga Gorra qui est aux Etats-Unis et va bientôt entamer son cycle de compétition.
En Afrique, nous avons Elca Ambourouet Charles, notre sauteur boursier qui s’apprête à s’envoler pour l’Europe, afin de peaufiner sa préparation. Nous avons nos deux sprinters à Douala : Oye Henda Moukala Franck et Nguéma David qui multiplient de bonnes performances. Bref, tous ces athlètes se battent pour avoir le minima des Jeux Olympiques.
Q :-Quel bilan pouvez-vous établir ici, 3 ans après votre arrivée à la tête de la Fédération ?
R. : -C’est ce que je venais de vous dire, notre bilan suit son cours, nous sommes à trois ans de fonctionnement. Nous avons mis en place un plan quadriennal de relance de l’athlétisme. Je viens de relever plus haut. Progressivement, nous sommes en train d’atteindre nos objectifs.
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Q : -Et pour terminer ?
R. : -Pour terminer, je veux un peu attirer l’attention des athlètes, des encadreurs, des responsables de clubs, des membres de la Fédération, sur le fait que nous sommes une famille. Par conséquent, nous devons regarder dans une même direction. Nous sommes dans un bateau où nous n’avons qu’un seul capitaine. Qu’il vente, fasse froid ou chaud, nous devons tous ramer dans le même sens. C’est à ce prix que nous atteindrons nos objectifs, en permettant à notre bateau arriver à bon port. Tout ce que nous faisons, c’est bénévolat
Mais il faudrait que l’organe mère, la tutelle, puisse regarder dans la même direction que nous. Si nous n’avons pas un accompagnement du ministère des Sports, c’est sûr et certain que nos athlètes vont tourner autour du pot. C’est-à-dire, sans résultat !
J’invite et j’encourage tous ceux qui gravitent autour de l’athlétisme, à continuer de redoubler d’efforts, à persévérer, afin que notre athlétisme puisse aller de l’avant. Je vous remercie.