Au moment où les rideaux tombent sur la 16e édition de la Tropicale Albertine Amissa Bongo, nous avons recueilli la réaction de Thomas Franck Eya’a, ancien président de la Fédération gabonaise de cyclisme (FEGACY), à l’origine de la création de cette compétition en 2006. Il marque sa reconnaissance à l’endroit de l’illustre disparue qui était la première présidente d’honneur de la Fégacy et avait contribué à la création de la Fédération. «La présidente d’honneur de la FEGACY avait horreur de la médiocrité et n’aurait jamais accepté le sort de lanterne rouge qui caractérise la performance des cyclistes gabonais, depuis une dizaine d’années».
Question : -En tant qu’ancien président de la Fegacy et créateur de la Tropicale Amissa Bongo, avez-vous été invité à la 16e édition? Si non pourquoi?
-Thomas Franck Eya’a : Merci de me passer la parole au sujet de la dernière édition de la Tropicale pour répondre à votre question, je n’ai pas été invité et encore moins consulté lors de la 16e édition de cette compétition que nous avons lancé en 2006. Ce constat amer est bien sûr regrettable, car le sport c’est d’abord la convivialité, on le voit d’ailleurs à l’occasion des grandes rencontres de football, par exemple et c’est du reste bien dommage que les organisateurs de la soit disant première course cycliste du continent africain, ne semble pas militer pour une ambiance fraternelle qui devrait habiter les amoureux de la petite reine, lors de ce genre d’épreuves cyclistes atypique, qui met en compétition les amateurs et les professionnels. Car, c’est la seule épreuve cycliste de ce genre au niveau de l’Union cycliste Internationale(UCI) en dehors des jeux olympiques.
Q: -Quel était l’objectif de base en créant cette épreuve entre professionnels et amateurs? Pensez-vous que cet objectif est atteint aujourd’hui?
R: La Tropicale est donc, pour répondre à votre 2e question, une épreuve expérimentale voulue par feu Président Omar Bongo Ondimba et acceptée par les dirigeants de l’UCI, dans le but de tirer vers le haut le cyclisme africain, puisque à l’époque aucun africain n’était cycliste professionnel, contrairement à ce qu’on voit dans les autres disciplines sportives.
Cet objectif est peu à peu atteint actuellement, avec un Érythréen et un Sud-africain dans les pelotons constitués uniquement de professionnels. A mon humble avis, cet élan est freiné par le budget faramineux dont est doté cette épreuve. Car, hélas l’on a tendance à privilégier l’aspect pécuniaire et non sportif de cette compétition, jusqu’à la rendre non conforme à certains règlements de l’UCI (par exemple la Fegacy joue un rôle mineur dans l’organisation, il y a des ententes pour faire plaisir à telle ou telle équipe, sans crainte de sanctions…). Est-ce la raison pour laquelle aucun Président de l’UCI n’a jamais honoré de sa présence la Tropicale, pourtant qualifiée par les organisateurs comme la plus grande compétition cycliste du continent, qui ne dure que 7 jours !
Q: -Qu’est ce qui explique le choix du nom Albertine Amissa Bongo? Qui était-elle pour la Fegacy? Quels sont vos conseils pour sortir les cyclistes gabonais de la place de remorque qu’ils occupent depuis 2006?
R: Le président Omar Bongo Ondimba voulait honorer la mémoire de sa fille Albertine Amissa Bongo, qui était une incontestable amoureuse de la petite reine. C’est ainsi qu’elle était d’abord marraine de l’Association gabonaise de cyclisme, puisqu’on ne remplissait pas les conditions, pour être une Fédération à savoir disposer au moins 3 Ligues avec chacune au moins 3 clubs.
Albertine nous a donc aidé financièrement pour répondre à ces conditions qui nous ont permis de transformer notre Association en Fédération et à l’issue de cette reconnaissance à l’époque de la Fédération Internationale de Cyclisme Amateurs dont le siège était à Rome en Italie, nous sommes devenus Fédération avec comme Présidente d’honneur Albertine et c’est ainsi qu’elle a financé notre présence à Orlando aux USA pour assister à la création de l’UCI qui mettait sous la même coupe le cyclisme Amateurs et le cyclisme Professionnel.
Vous comprenez donc que la mémoire d’Albertine Amissa Bongo soit honorée par l’organisation de cette compétition dont les organisateurs malheureusement ne prennent pas en compte le fait qu’elle avait horreur de la médiocrité et n’aurait jamais accepté le sort de lanterne rouge qui caractérise la performance des cyclistes gabonais, depuis une dizaine d’années.
C’est pourquoi humblement, je pense qu’on devrait séparer les visées mercantiles des visées uniquement sportives. Si d’autres nations réussissent à former des champions cyclistes, c’est que nous pouvons aussi le faire. Les honorables performances des cyclistes gabonais dans les années 2004 à 2008 en sont la preuve les archives le témoignent.
Q: –Et pour conclure ?
R: Mon mot de la fin c’est celui d’un père qui a sué pour enfanter un bébé et qui le voit impuissant dépérir. Permettez-moi d’ajouter, dans le sport nous sommes aussi en quelque sorte chargés de l’éducation des enfants ce ne serait donc pas bon de leur inculquer le mensonge et la tricherie, par les actes que nous posons, mais plutôt leur faire comprendre que seul le travail paie en toutes circonstances.
Je voudrai aussi rendre hommage à feu Général de Police Gaston Félicien Olouna, qui était mon Vice-président jusqu’à ce qu’il soit rappelé auprès du Seigneur. Car, c’est grâce à lui que nous avons, non seulement fait la connaissance d’Albertine, mais sa présence parmi nous a également séduit celle qui allait devenir 1ere Présidente d’honneur de notre jeune Fédération.
Propos recueillis par
Aryse Nguéma