Par Aryse Nguema
Nous a appris, avec émotion et consternation, le décès d’Emmanuel Kundé, l’ancien international et capitaine des Lions Indomptables du Cameroun. Il décède ce 15 mai 2025, à l’âge de 68 ans et laisse un monde du football sans voix, au regard de ses états de service: Cent-vingt-sept sélections en équipe nationale du Cameroun.
N’est-ce pas qu’il avait été, dit-on, de la génération dorée: deux victoires en Coupe d’Afrique des nations de football avec les Lions Indomptables du Cameroun (1984 et 1988) ; deux participations en Coupe du monde (1982 en Espagne et 1990 en Italie). Terminant le premier tour sans la moindre défaite. Ils avaient atteint les quarts de finale du mondial d’Italie.
Au Canon de Yaoundé où il a fait ses premières classes, Emmanuel Kunde avait porté le «Kpa-Kum», surnom du club de Yaoundé, pour remporter trois Coupes d’Afrique des clubs (deux Ligues des Champions, en 1978 et en 1980, et une Coupe des vainqueurs de Coupe, en 1979).
Il a aussi joué au Stade Lavallois (1987-1988) puis le Stade de Reims (1988-1989) première division en France.
Devenu entraîneur, Manu a tenu le Canon de Yaoundé, avant de poser ses valises à Bitam en début de la saison 2002-2003, suite à l’appel de René Ndemezo’Obiang. Un ancien international gabonais, ministre et qui avait des ambitions pour le club de sa ville natale.
Au chevet de l’Union Sportive de Bitam (USB), en «médecin du football», la semence de Manu a vite produit. Il fait de l’USB double champion du Gabon et vainqueur de la coupe au terme de la saison. Le club reste un abonné des trois premières places, participe aux coupes africaines. Quelques années plus tard, il est promu directeur-technique du club, poste qu’il a conservé jusqu’en 2010.
Thomas Libiih, une autre légende du foot camerounais qui est de retour cette saison à la tête de l’USB, après avoir offert un titre de Champion du Gabon au dit club en 2013, a déclaré manquer de mots pour exprimer sa douleur, après l’annonce de cette perte immense de celui appelait affectueusement « Capi».
Mais Emmanuel Kundé qui a été fait citoyen d’honneur de la ville de Bitam en 2010, après une autre consécration, est inoubliable dans la ville d’Ondo Nkoulou Beyeme.
Peu connu au Gabon, mais vénéré au Cameroun, un épisode sur Manu à vous conter: Des agents des Forces de sécurité au simple citoyen dans son pays le Cameroun, tout le monde exprime du respect au «Vieux Lion», lors de la moindre rencontre.
«En août 2009, une délégation des joueurs de l’USB se rend à Buea (Cameroun) pour une mise au vert d’un mois. Dans le bus, nous avions Emmanuel Kundé, le directeur technique du club. Il était judicieusement assis à la cabine, aux côtés du conducteur.
Figurez-vous que d’Ambam, en passant par Ebolowa, Obala (réputé pour ses contrôles stricts des passagers et des véhicules) à l’entrée de Yaoundé (la capitale), sortie de Yaoundé ; Douala, jusqu’à Buea, il n’y a eu un seul contrôle des identités des occupants du bus. La présence du «Vieux Lion» à la cabine était comme un «laissez-passer» couvrant tout le monde aux points de contrôle.
Mais les scènes que nous avons remarquées à chacun de ces points de contrôle étaient à peine croyables.
En effet, nous avons souvent vu des militaires se plier en quatre, pour saluer Kundé le «Vieux Lion», dès qu’ils l’avaient reconnu, promptement. C’était comme s’ils avaient vu Dieu en personne!
«Je suis Bengué Martin, sergent-chef de Armée de terre, matricule 1025… ou je suis Nguélé Jean Bernard, adjudant-chef de Gendarmerie, etc. Nous entendions aussi: «Mes honneurs mon Capi… » ! En se mettant au garde-à-vous.
Ce refrain qui revenait assez souvent. Les agents de faction étaient comblés, en serrant la main de cette légende du foot. Puis, c’était le geste invitant notre conducteur, à passer en priorité.
Tous les passagers de notre car sont arrivés dans la ville anglophone, sans perte de temps dans les postes de contrôle. La joie apportée par Manu aux vaillants militaires, en passant, était même à revendre!
Un mois après, la mise au vert était terminée. Sur le chemin du retour, avec le même dispositif, le «Vieux Lion» en cabine, le respect lui a été garanti, ainsi qu’aux membres de sa délégation. Nous avions eu un voyage paisible !
Il reste qu’après la traversée du pont d’Eboro et particulièrement au premier poste de Gendarmerie du Gabon, nous étions maintenant chez nous. Les vieilles habitudes nous ont rattrapés. Ici l’agent ne contrôle pas le passager à bord du véhicule. Nous étions tous invités à descendre du bus, afin que chacun présente sa pièce d’identité. Tous les privilèges grâce à Manu étaient restés de l’autre côté du pont.
Bienvenue donc au pays où il n’y a point de passe-droit pour ces vedettes qui ont fait briller le Vert-Jaune-Bleu! Peut-être que nos légendes sont mal vendues?
Mais de l’autre côté du Ntem, comme nous avons pu nous rendre compte, les «Vieux Lions», même trente ans après leurs épopées, brillent toujours, aux yeux de plus d’un, suscitent de l’admiration. Et Manu, même parti, laissera des traces pendant bien des années!
Qu’il repose en paix !
Nos condoléances à sa fille Hortense.