Par Aryse Nguéma
Nous inaugurons notre rubrique «Gloire aux Anciens», par la présentation du top 1 du noble art des années 70/80, Luc Tchoula, dans la catégorie des poids lourds. Encore parmi les vivants. Il est de ceux-là qui justifiaient fort bien, par leurs prestations sur les rings, l’appellation de la Boxe comme le sport d’identification des Gabonais. Le nom de cette légende du noble art gabonais raisonnait «Boxe», à l’époque !
C’était «Monsieur d’un coup, KO». Numéro Un sur le ring, hier. Trente-huit ans après avoir mis un terme à sa carrière, il est encore Numéro Un, aujourd’hui pour inaugurer notre rubrique «Gloire aux anciens». Nos remerciements à ce champion national et international, et à d’autres qui nous autoriserons rapidement, de mettre un Nom sur un Visage, pour vaincre l’anonymat, que le numérique déteste de nos jours.
C’est le défunt Joseph Mbouroukounda, en connaisseur du noble art, qui fait la découverte de ce diamant brut en 1976. C’est Luc Tchoula. Un jeune homme au physique impressionnant, dont le regard seulement peut faire reculer un buffle ! L’entraîneur du club Marcel Cerdan va le tailler, façonner, pour rendre brillant, le diamant.
La technique au point, Luc Tchoula est sorti de l’ombre pour participer au championnat national de boxe en fin d’année 76, qu’il survole. Sa force de frappe est dévastatrice. Il bat tous les adversaires qu’il rencontre, à chaque fois, d’entrée au premier round.
Devenu champion du Gabon du Gabon, il conserve le titre jusqu’à la fin de sa carrière en 1985.
Au niveau de l’international, il ne tarde pas à faire parler de lui en bien et du Gabon dont il porte les couleurs. C’est ainsi qu’en 1979 à Benghazi en Lybie, il est couronné champion d’Afrique des poids lourds. Il se souvient de cette toute première consécration continentale comme si c’était hier.
La même année, il fait partie de la sélection africaine qui prend part à la Coupe du monde de boxe aux Etats-Unis d’Amérique (USA). Il est même désigné capitaine de la sélection africaine. Tout un honneur pour lui, l’Afrique et le pays dont il porte les couleurs.
Luc termine la compétition avec une médaille de bronze pour tous ses états de service sur le ring, chez l’oncle Sam. Il reçoit également une distinction honorifique supplémentaire, en tant que capitaine de l’équipe africaine.
En 1980 au Kenya, lors du Championnat du monde, il termine avec une médaille d’argent, faisant de lui le vice-champion du monde.
Mais c’est lors des 7es Internationaux de France, en 1982, qu’il a atteint le sommet de son art. Il a, en effet, remporté une médaille d’or des poids lourds. Mieux, il est désigné, meilleur boxeur du tournoi.
Un an après, retrouvant les compétitions africaines, il est médaillé d’argent au championnat d’Afrique en Ouganda.
Cependant, en 1985, à la surprise générale, il prend sa retraite internationale.
Pourtant une carrière professionnelle lui pendait au nez. C’était au lendemain des Internationaux de France. Luc reçoit une invitation, accompagné d’un titre de transport, afin d’aller signer un contrat professionnel de boxe en Europe, avec un promoteur. Le champion a pris soin d’informer les responsables de l’encadrement technique de l’équipe nationale, pour ce déplacement personnel.
Le soir de son départ, un bien malin est venu le faire descendre d’Air France, à bord duquel il avait déjà pris place. C’était sur instruction de qui ? Le mystère reste entier, jusqu’à ce jour. Toujours est-il que depuis ce jour-là, son rêve pour embrasser une carrière professionnelle, a été brisé !
N’est-ce pas que Luc Tchoula fait partie de cette catégorie de sportifs de l’époque, qui ont tout donné pour honorer le pays, sans rien recevoir en retour. Se satisfaisant seulement des médailles récoltées, pour faire retentir La Concorde.
Mais figurez-vous que pendant les dix années consacrées pour défendre les couleurs nationales, sa prestation s’est soldée la récolte d’une bonne moisson de médailles d’or, d’argent et de bronze. Luc Tchoula n’a reçu, tenez-vous bien, que 720 000 Franc CFA (à peine 1000 euros), dont 500 000 Fcfa (700 euros) du défunt Ministre Jean-Baptiste Ngomo Obiang (qui lui a donné à l’époque un coup de main pour réparer son véhicule accidenté). Le champion a pris en compte, l’enveloppe de 50 000 FCFA (90 euros) qui lui avait été remise comme argent de poche, pour prendre part à la Coupe du monde de boxe aux USA en 1979.
Il convient de louer le courage de ces sportifs de l’époque, pour tant de sacrifices.
Père de cinq enfants (trois filles et deux garçons), Luc Tchoula continue encore aujourd’hui de se battre dans le monde du travail pour survivre, subvenir aux besoins de sa petite famille, s’acquitter d’un loyer mensuel. Alors que sous d’autres cieux, pour des sportifs, moins médaillés que lui, ont une prise en charge à vie, en guise de reconnaissance des services rendus à l’Etat, en portant ses couleurs.
N’est-ce que le sport est la guerre du temps moderne. Il suffit de regarder la mobilisation des gens dans les tribunes lors des rencontres internationales, pour s’en convaincre.
La victoire d’un sportif devient automatiquement celle de tout un pays. Si les tirailleurs sénégalais qui ont participé à la guerre aux côtés de la France ont une prise en charge à vie de l’Hexagone. Pourquoi le Gabon ne s’inspirerait- il pas de cet exemple, pour fixer un regard positif sur ses Légendes du sport ? Ce n’est qu’une question, Monsieur le Ministre des Sports ! Mais Merci, Luc Tchoula.
Palmarès de Luc Tchoula :
1976 : Début de la carrière.
-Champion du Gabon des poids lourds sans interruption jusqu’en 1985 ;
1979 : Champion d’Afrique des Poids lourds à Benghazi en Lybie ;
-Médaille de bronze à la Coupe du monde aux Etats-Unis d’Amérique ;
-décoré en tant que Capitaine de l’équipe africaine aux Etats-Unis d’Amérique ;
1980 : Vice-champion au championnat du monde au Kenya ;
1982 : médaille d’or aux 7es Internationaux de France ;
-décoré à Paris comme meilleur boxeur du tournoi ;
1983 : Médaille d’argent au Championnat d’Afrique en Ouganda ;
1985 : Fin de carrière.
– Remise par les autorités gabonaises de la Ceinture d’or;
1986 : Décoré meilleur sportif de tous les temps par feu Ministre de Sports Alexandre Sambat ;
1987 : Remise des oscars par les enfants du monde ;
1992 : Décoré Chevallier de l’Ordre de la Francophonie par le Premier Ministre gabonais
-Entraineur de boxe depuis 1987 ;
-Depuis 1999 : président du Boxing club 105.